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La Grande-Bretagne dans la crise anglophone

Comment la Grande-Bretagne a semé les graines de la désunion

Dès la scission du grand « Kamerun » allemand en zones sous influence française et britannique, les Anglais ont entretenu une relation distante et méfiante avec le Cameroun sous tutelle de la France.
Les leaders anglophones (Southern Cameroons) rencontrent la reine Elisabeth à la maison du gouvernement à Lagos (Nigeria) Photo: 1954 - La Reine et certains membres du Conseil exécutif du Southern Cameroons Première rangée de gauche à droite : Endeley, Robertson, Queen Elizabeth, Gibbons, S.T. Muna

Formé en 1884 par l’Allemagne, le Cameroun est scindé en deux parties après la défaite de cette dernière durant la guerre de 1914-1918. La France hérite d’environ 432 000 Km2 et la Grande-Bretagne de près de 88 270 Km2. Ce dernier territoire est formé du Northern Cameroons et du Southern Cameroons. Le Southern Cameroons forme les actuelles régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest.

L’Angleterre administre la partie anglophone comme une extension de son protectorat sur le Nigéria. Le Cameroun anglophone fait partie de l’Empire britannique. Et celui-ci ne se montre pas très disposé à s’en séparer.

Référendum truqué

Plusieurs historiens relèvent en effet le rôle trouble de l’Angleterre dans la construction d’un Cameroun uni, tout au moins sur la base des frontières dessinées sous l’ère allemande. C’est le cas de Mélanie Torrent qui rapporte qu’«au lendemain des plébiscites de février 1961, le gouvernement de la République du Cameroun accuse le Royaume-Uni et le Nigéria d’avoir manipulé les élections».

Dans ses travaux sur l’itinéraire et le bilan du Cameroun et du Commonwealth, la chercheuse française, docteur en études anglaises de l’université Paris-Sorbonne, Paris IV, soutient que les Anglais ont falsifié «les inscriptions sur les registres, l’information des électeurs, le décompte des bulletins», au cours du référendum de février 1961.

La reine Elisabeth salue les chefs (Fons) anglophones du Southern Cameroons  

Durant cette consultation, les deux parties du Cameroun anglais sont appelées à se prononcer sur leur rattachement, soit au Cameroun oriental (partie francophone), soit à la fédération du Nigéria sous colonisation du Royaume-Uni. Utilisant cette consultation l’Angleterre a ainsi manœuvré «afin, d’empêcher l’émergence d’un grand Cameroun à l’est du Nigéria», affirme la Française.

Procès

Au terme de ce référendum, le Cameroun est amputé d’une partie de son territoire. Le Northern Cameroons passe sous souveraineté nigériane, avec la bénédiction du parrain anglais. «Gigantesque voisin qui inquiète Yaoundé, le Nigéria est soupçonné d’avoir voulu renforcer sa puissance en agrandissant encore son territoire», rapporte l’universitaire. Pour elle, «les Britanniques […] ont voulu construire de larges États anglophones en Afrique occidentale au détriment des États francophones». Le 1er juin, date de l’entrée du Cameroun septentrional dans le Nigéria, est journée de deuil national au Cameroun.

Le pays va porter l’affaire devant la Cour internationale de justice, pendant qu’il se montre très en colère contre le Royaume-Uni. La Cour se déclare incompétente pour trancher, et même si les tensions demeurent, les relations se normalisent progressivement.

Le Southern Cameroons lâché

Pour plusieurs théoriciens en effet, la réunification du Cameroun devient un terrain d’enjeux géopolitiques entre la France et l’Angleterre, deux pays qui essayent de préserver des aires d’influence sur les cendres de leurs empires coloniaux en décadence.
S’étant déjà assuré d’avoir rattaché une bonne partie du territoire camerounais au Nigéria, l’Angleterre va progressivement lâcher le Southern Cameroon. Au parlement britannique, les raisons évoquées sont tantôt géopolitiques (Londres ne veut pas davantage froisser Paris), tantôt d’ordre économique.

Mai 05, 1959 - Le Duc de duchesse de Gloucester en visite dans le Southern Cameroons 


Adhésion
Sur ce point, le rapport Berrill souligne les difficultés budgétaires et financières du Royaume-Uni et préconise que toute surcharge économique soit évitée. Les Britanniques sont accusés d’avoir sciemment maintenu le Southern Cameroon à la marge de leurs stratégies de développement colonial, négligé, plus encore qu’exploité, d’une certaine manière. Les Anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest sont dès lors à la merci du Cameroun francophone et du centralisme qu’Ahmadou Ahidjo impulse à l’État.

Le président Ahmadou Ahidjo va bouder aussi bien la Francophonie que le Commonwealth. Mais en 1989, son successeur, Paul Biya, sollicite l’adhésion à ces deux organisations. La Francophonie avalise la demande deux ans plus tard et le Club des Gentlemen six après.


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