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Les zones cachées de la réunification du Cameroun

 Les dessous de la réunification du Cameroun

Le 1er octobre 1960, le Nigéria accède à l’indépendance. L’avenir des Camerounais britanniques n’est toujours pas réglé. Les Nations unies ont décidé qu’ils seront administrés directement par la Grande-Bretagne à titre transitoire, jusqu’aux plébiscites, qui auront finalement lieu en février 1961. Au Cameroun méridional, déjà autonome par rapport au Cameroun septentrional, cela ne change rien du tout: Londres et Lagos prennent le contre-pied de la décision de l’ONU, procédant au remplacement d’administrateurs anglais par des fonctionnaires nigérians.

Ahidjo n’est pas un partisan enthousiaste de la réunification, mais il s’est engagé à l’obtenir. Les plébiscites auront lieu dans quatre mois. Du point de vue du Chef de l’Etat, l’agrandissement du territoire national est, sans doute, une bonne chose, mais l’intégration de populations dont les mœurs y compris politiques, sont radicalement différentes de celles des francophones ne pourra que compliquer la progression vers l’unité du pays et perturber le fonctionnement des rouages de l’administration tout comme l’exercice du pouvoir. En outre, le retard de développement économique et social enregistré par ces marches déshéritées du Nigéria fera d’elles un boulet à tirer, au mois à moyen terme. Du point de vue du président de l’Union Camerounaise, dont la base principale reste dans le Nord, il y’a une chance d’élargir sa clientèle électorale dans les milieux peuls, mais aussi un risque considérable de voir se constituer une alliance bantoue renforcée par les Camerounais méridionaux anglophones. Tout bien pesé, confie t-il à ses collaborateurs, l’idéal serait d’absorber le Nord, et laisser le Sud au Nigéria… Soppo-Priso et ses amis font la même analyse et en tirent, naturellement, la conclusion inverse: l’intégration du seul Cameroun méridional, augmentant de quelques huit cent mille âmes la communauté du Sud au sens large, si communauté il y’a, serait pour eux une occasion de se revigorer pour effectuer une rentrée politique.

Que le Nord et lui seul opte pour la réunification est une hypothèse irréaliste. Ahmadou Ahidjo est donc partisan du tout ou rien, sans préférence marquée, au demeurant, pour le tout ou pour le rien. Il voudrait donc qu’un plébiscite unique décide du sort de l’ensemble, et il demande au gouvernement français d’intervenir en ce sens auprès de l’ONU. Mais c’est trop tard: l’Assemblée générale a considéré comme évident qu’il fallait consulter séparément les deux régions — la France aurait été mal placée pour soutenir le vote global: elle avait crié au scandale quand ce système avait été appliqué au Togoland britannique, dont le Sud aurait été rattaché au Togo, au lieu du Ghana, si l’on y avait compté à part les résultats du scrutin. — Le Chef de l’Etat francophone reste donc aussi neutre que possible. Il ne s’implique pas dans la campagne plébiscitaire; il n’est allé qu’une fois au Cameroun méridional, du 15 au 17 juillet. Il a reçu John Ngu Foncha à quatre reprises. Courtoisement, mais le pauvre Premier ministre est toujours rentré les mains vides à Buéa, sa capitale. L’aide qu’il reçoit vient des Douala intéressés par une alliance électorale, ainsi que des Bamouns et des Bamilékés; rien du gouvernement de Yaoundé. Or, le champion anglophone de la Réunification est bien démuni: venus lui prêter leur concours pour une tournée de propagande, des politiciens devront se cotiser pour remplacer les pneus hors d’usage de la voiture d’un ministre. A défaut d’assistance matérielle, le chef du gouvernement aurait au moins besoin d’arguments à faire entendre aux électeurs, précisément de garanties affirmées publiquement par son futur partenaire sur l’autonomie politique et culturelle dont jouiront les minoritaires dans le Cameroun réunifié. Foncha parle d’abondance d’une fédération très souple. Ahmadou Ahidjo, plus énigmatique et prudent que jamais, écoute, laisse entendre que, bien entendu, le grand compte sera tenu de la personnalité des anglophones. Il accepte le mot fédération, mais il renvoie à plus tard les discussions sur les institutions. Si bien que nul, déposant dans l’urne son bulletin en faveur de la réunification, ne saura ce que seront les formes et les modalités de l’union.

Foncha est un homme habile dans les palabres à Bamenda, son fief, ou à Buea. A Yaoundé, il est mal à l’aise et il a affaire à forte partie. Ahmadou Ahidjo n’est pas demandeur; pourquoi concéderait-il quoi que ce soit? d’ailleurs, il n’y a rien à négocier, pense-t-il, et les Camerounais anglophones qui souhaitent le rattachement à la fédération du Nigéria négocient-ils avec Lagos?

Heureusement pour Foncha, qui joue son avenir politique sur son choix, les partisans du Nigéria au Cameroun méridional perdent le CPNC (Cameroon People’s National Congress) par fusion avec la petite formation grâce à l’appui de laquelle il avait été, naguère, majoritaire, le KPP. Toutefois, il se rend compte qu’il a perdu d’avance dans la sous-région de Bamenda, où la chefferie, fort influente, soutient son adversaire et souhaite l’abolition des frontières qui la sépare des cousins bamilékés et bamouns. Il n’y mène qu’une campagne symbolique, concentrant son activité sur son fief de Buea. Mais l’ancien Premier ministre n’est pas un tribun; ses raisonnements d’intellectuel ont peu de prise sur le corps électoral. Les populations sont plus attirées par les meetings bien organisés du KNDP (Kamerun National Democratic Party), véritables fêtes, où des politiciens et syndicalistes Doualas, experts dans le maniement des foules, viennent prêter main-forte à Foncha et à ses lieutenants instituteurs comme lui et bons pédagogues, Augustine NGOMJUA et un transfuge du CPNC, Solomon TANDENG MUNA. Le meilleur argument des partisans du Nigéria consiste en la diffusion de photographies de cadavres de rebelles exposés sur des marchés Bamilékés, assorties d’un simple commentaire: “Est-ce cela que vous voulez?” Ce sera insuffisant, d’autant que les paysans anglophones, ouvriers des des grandes compagnies, envient le sort des petits planteurs francophones.

A la différence du Cameroun méridional, où Foncha a obtenu que les nigérians soient exclus du vote, l’ONU a décidé que tous les résidents du Cameroun Septentrional seraient électeurs. Dans cette région déshéritées, la population est dispersée et peu politisée, privée de leader moderne. Tout se joue donc entre l’administration et les chefs, qui décideront du vote de leurs sujets. Les autorités de Yaoundé essaient d’exercer une influence en évoquant la capitation, qui sera supprimée en cas de réunification, et en promettant des pagnes aux femmes qui voteront bien. Le seul résultat tangible est une protestation offusquée des Anglais contre cette ingérence. De leur côté les administrateurs britanniques et nigérians ont fait venir des renforts. Ils inscrivent des milliers de nigérians sur les listes électorales.

Le 11 et le 12 février 1961, les plébiscites ont lieu. Le Cameroun méridional choisit la réunification avec un score qui constitue un triomphe pour Foncha: 233 571 voix contre 97 741. Le Cameroun septentrional opte pour l’intégration dans le Nigéria par 146 296 voix contre 97 659. Les politiciens ambitieux du Sud -c’est une coutume qui deviendra bien camerounaise — sablent le champagne: Ahmadou Ahidjo, leur semble-t-il, n’a plus aucune chance de garder le pouvoir. Le président de la République est furieux et maudit les Anglais ( Le Cameroun demandera une enquête de l’ONU sur la régularité des opérations au Cameroun septentrional, mais l’organisation internationale refusera, considérant que truqué ou non, le vote traduisait la volonté de la majorité. Après des débats tumultueux en commission, l’Assemblée générale entérinera le résultat le 21 avril 1961, par 64 voix contre 23, avec 10 abstentions. Aux côtés des Etats francophones d’Afrique Noire, sauf la Guinée et le Togo, et de la France, les pays qui voteront contre la résolution sont l’Argentine, la Belgique, le Brésil, le Cambodge, la Chine (Taïwan), la Grèce, Israël, le Luxembourg, le Paraguay et l’Uruguay. Ahmadou Ahidjo se tournera ensuite vers la Cour Internationale de justice, mais celle-ci se déclarera incompétente par un jugement du 2 décembre 1963).

Le sort du Cameroun méridional est scellé, mais pas défini pour autant. Naguère marginaux dans le Nigéria en raison du statut de tutelle, ses habitants se trouvent devant la perspective d’être marginaux dans la république du Cameroun, parce qu’anglophones et privés du renfort numérique que leur aurait apporté le Cameroun septentrional. Ils seront un cinquième de la population nationale — huit cent mille sur quatre millions… aux termes de l’article 60 de la constitution, à défaut de recensement-; ils eussent été un tiers avec leurs compatriotes du Nord. On dispose de sept mois et demi pour définir les structures du nouvel Etat; ce ne sera pas trop.

Ahidjo a concédé à Foncha son accord sur un mot: ce sera une fédération. Quant au contenu, les positions sont diamétralement opposées: pour le premier, ce ne sera que l’habillage verbal d’une République quasi-unitaire; le second rêve d’une confédération. Or la faiblesse de Foncha s’aggrave des dissensions entre anglophones. Endeley s’agite et va jusqu’à parler du rattachement au Nigéria des districts qui qui ont voté dans ce sens. Puis il comprend que, s’il a un avenir politique, c’est à condition d’accepter le fait accompli. Les deux hommes décident de se concerter pour élaborer un plan commun.Une grande réunion est organisée à Bamenda, en juin, groupant les partis et une myriade d’associations. C’est la fête de l’utopie. On parle de double citoyenneté , de droit de sécession, d’un président de la république dont on admet qu’il sera francophone par la force des choses, mais qui disposerait des pouvoirs de la Reine d’Angleterre…

Tout cela ne ressemble à rien moins qu’à un projet. Or le temps passe. A Yaoundé, sans grandes palabres puisque, là-dessus, tout le monde est à peu près d’accord, Jacques ROUSSEAU élabore une constitution fédérale, octroyant le maximum de pouvoirs à l’exécutif et au législatif centraux et, pour faire bonne mesure, ne créant que deux Etats fédérés, francophone (dénommé Cameroun Oriental) et anglophone (Cameroun Occidental), ce qui revient à instituer le déséquilibre.

Lors d’un entretien avec Ahmadou Ahidjo à Yaoundé, Foncha produit un texte élaboré par un Attorney britannique, reproduisant, pour l’essentiel, la Constitution Nigériane. Il est évident qu’aucune synthèse des deux projets n’est possible. Le rapport de force étant ce qu’il est, le Premier ministre ne peut qu’accepter de prendre le texte de la République du Cameroun comme base de discussion.

Le 17 juillet, les futurs partenaires se rencontrent à Foumban pour négocier. A part Foncha qui n’a rien osé dire à ses compatriotes, les anglophones découvrent, atterrés, le “document de travail” des francophones. Ils en délibèrent entre eux pendant près de cinq jours, en désaccord parfait, participant quand même, comme il se doit, aux réjouissance organisées à leur intention par le sultan Seidou Njoya. Finalement, le 22 juillet, au cours d’une séance plénière qui dure à peine deux heures, Ahidjo fait adopter son texte. Sa stratégie est d’une efficacité parfaite. Il accepte tous les amendements qui visent à accroître considérablement l’autonomie des deux Etats, mais ces dispositions seront reprises dans un article 6 fourre-tout, traitant des compétences qui seront laissées aux Etats à titre transitoire… jusqu’au moment où les autorités fédérales s’en seront saisies. Empêtrés dans leurs contradictions, les anglophones proposent que le Président de la République soit élu au suffrage universel direct. Ahmadou Ahidjo ne laisse pas le temps aux partisans du parlementarisme de réagir à ce coup de théâtre: il en est ainsi décidé, et voilà franchi un grand pas vers le régime présidentiel.

Après une dernière toilette du texte, l’Assemblée Nationale adopte, le 14 août 1961, la Constitution de la République Fédérale du Cameroun, qui entrera en vigueur le 1er octobre. Dans la foulée, elle octroie à Ahmadou Ahidjo ce qu’on n’appelle pas, cette fois, les pleins pouvoirs, mais qui y ressemble: pour une période de six mois, les textes législatifs nécessaires pour l’application et la mise en oeuvre de la nouvelle fondamentale seront pris par ordonnance.

Le tour de passe-passe est extraordinaire. Ni les électeurs, ni les élus anglophones ne sont consultés sur la Constitution fédérale, adoptée par les seuls députés de ce qui devient l’Etat fédéré du Cameroun (francophone) Oriental. La réunification n’est, à la lettre, qu’une rectification de complétée par une “loi portant révision” constitutionnelle”. Non seulement il n’y a pas de référendum, mais il n’y a pas d’élections (sauf au Cameroun occidental, où le nombre de représentants-telle est l’appellation des élus qui siègent dans les assemblées des Etats fédérés — est augmenté, et où le KNDP de Foncha trouve une confirmation de son succès au plébiscite: il a 25 élus et le CPNC d’Endeley en a 10, sur un total de 37).

Par la magie des dispositions transitoires, Ahmadou Ahidjo devient Président de la République fédérale jusqu’à la fin de son mandat en cours. Foncha reste premier ministre du Cameroun Occidental et devient, cumulativement, vice-président de la Fédération. L’Assemblée Nationale devient Assemblée législative du Cameroun Oriental. Il n’ a pas de Premier Ministre fédéral, puisque le Président de la République est investi du pouvoir exécutif; Charles Assalé conserve cette fonction à la tête du Gouvernement du Cameroun Oriental. Enfin, les assemblées législatives cooptent les 50 députés de l’Assemblée fédérale, en proportion des populations des deux Etats. Cette opération ayant lieu au scrutin majoritaire, les partis minoritaires des deux Etats sont laminés: l’Assemblée est formée de 40 députés de l’UC et de 10 du KNDP.

Ahmadou Ahidjo a évité tous les écueils de cette étape, dont les plus dangereux étaient d’incertaines consultations populaires. Sa position est confortée. Il n’y a plus de gouvernement responsable devant l’Assemblée et le Président de la République est seul détenteur du pouvoir exécutif. L’Etat fédéral est bien corseté. L’Etat fédéré du Cameroun Oriental n’est guère plus qu’une structure administrative dépendant étroitement du pouvoir central. En revanche, le gouvernement et l’assemblée législative du Cameroun Occidental vont occuper avec ténacité l’espace d’autonomie qui leur est concédé par les textes.

Le gouvernement fédéral est formé le 20 octobre. Aux côtés du vice-président Foncha, un seul anglophone est ministre à part entière, Solomon Tandeng Muna, instituteur de la région de Bamenda comme Foncha, est un des premiers politiciens du Cameroun Britannique, qui est chargé des Transports, des Mines et des PTT. Quatre autres sont ministres adjoints ( Parmi les francophones, Arouna Njoya, chargé de la justice, reste le seul Ministre d’Etat. Charles Onana est à la tête d’un département impressionnant, qui comprend l’Administration Territoriale, les Finances et le Plan. Charles Okala, dont les frais de représentation grevaient lourdement le budget de son département, quitte le gouvernement. Jean Faustin Betayené, le remplace aux Affaires étrangères. Depuis le remaniement qui eu lieu 4 mois auparavant, Victor KANGA est Ministre de l’Economie. Un nouveau venu, le Douala William Aurélien ETEKI MBOUMOUA, âgé de 27 ans, est ministre de l’Education Nationale. Jean BIKANDA, ancien de l’Ecole supérieure, qui est de Kribi, sera commissaire général à l’information. L’équilibre régional est scrupuleusement respecté).

L’administration est perturbée par la réorganisation. Les inévitables conflits d’attribution entre services fédéraux et fédérés ne dureront pas au Cameroun Oriental, où la Présidence de la république impose, au besoin, son autorité. Au Cameroun Occidental, ils alimenteront des querelles politiques. Le plus grave ici, est qu’on manque de cadres. Tous les fonctionnaires nigérians et la plupart des britanniques se sont retirés en bloc; il y’a peu d’anglophones capables de les remplacer, et on mute à Buea ou à Bamenda des francophones, souvent mal reçus et qui s’adaptent tout aussi mal. Cela crée des vides dans les régions francophones et à Yaoundé, devenue capitale fédérale, au moment où il faut créer des postes pour faire fonctionner les nouvelles structures et où, en accord avec le Cameroun, la France retire les derniers fonctionnaires d’autorité. Il s’ajoute à cela que beaucoup d’étudiants en fin de cycle s’installent en France: il en revenait une cinquantaine par an à la fin des années cinquante; on en a compté que quarante et un en deux ans, depuis l’indépendance. Il devient nécessaire de recruter en fermant les yeux sur les qualifications des candidats. Quand il n’y a plus de critères objectifs d’embauche, le népotisme s’installe.

A la première session de l’Assemblée fédérale, pour laquelle on a fait venir des interprètes d’Europe; les députés anglophones se plient de mauvaise grâce aux procédures réglementaires qui n’ont fait aucune place aux usages de Buea. Ils manifestent leur rogne et font de l’obstruction. Au bout d’une semaine, les travaux budgétaires n’ont pas avancé. Ahidjo fait venir Foncha et Muna, auxquels il présente un ultimatum: “Voulez-vous la fédération, oui ou non?” leur demande-t-il. “Si oui, vous devez collaborer franchement. Sinon, je suis prêt à organiser un référendum et vous pourrez faire sécession. Cela m’est égal; c’est à vous de décider. Répondez-moi demain s’il vous plaît.” Le vice-président et le ministre n’ont aucune envie de se lancer dans une nouvelle aventure. Ils protestent de leur bonne volonté. Dès le lendemain, les débats de l’Assemblée, où les partis d’opposition ne sont pas représentés, sombrent dans la platitude. Définitivement.

En Janvier 1962, le Président de la République fédérale fait une visite officielle à Buea, devenue capitale du Cameroun Occidental. Après un bref discours en pidgin à la foule, il reçoit les hommes politiques et les notables, individuellement ou en groupe. Ses interlocuteurs sortent plutôt décontenancés du bureau où il les a reçus, comme le racontera plus tard Emmanuel Egbe Tabi, qui en était, et qui battra le record de longévité ministérielle détenu par Sadou Daoudou,…: “What strange looking fellow… The man doesn’t talk…How serious he is we cannot understand…” (Quel type bizarre… Cet homme ne parle pas…Comment peut-on être aussi sérieux?) Mais, ajoutera Egbe Tabi, les personnes reçues gardent une impression favorable, parce que, si Ahidjo ne leur a rien dit, il les a écoutées, concluant par un “Bon, merci beaucoup” (en français dans le texte) presque chaleureux.

La situation est difficile; le désordre menace. Démocrate par l’instruction reçue et par l’expérience parlementaire, Ahmadou Ahidjo est autoritaire par atavisme et par un penchant naturel qu’habille maintenant la nécessité.

Un évènement tragique survient le 1er février 1962. Accidentel, mais révélateur du climat politique et du caractère policier d’un régime obsédé par la subversion. A la gare de Yaoundé, ouvrant un fourgon de train dans lequel 52 personnes arrêtées à Douala et dans l’Ouest pour distribution de tracts avaient été entassées afin d’être transférées dans la capitale, les gendarmes découvrent 23 cadavres et deux mourants. Ahidjo étant absent, — mais il est consulté — , le gouvernement, pris de panique, gère mal les suites de la catastrophe. Il tente de cacher cette dramatique bavure policière. Il repousse la suggestion que lui fait Jean Zoa, nouvel archevêque de Yaoundé et premier Camerounais ) occuper cette fonction, de publier un commentaire. Evidemment la rumeur court et amplifie la nouvelle. Zoa fait alors diffuser l’information et une lettre pastorale dans le journal catholique, l’Effort Camerounais, et célébrer une messe de requiem. De retour, le Président, dont les principaux adversaires sont des catholiques du diocèse de la capitale, fait expulser le missionnaire français qui dirigeait le journal. Une enquête est ouverte, dont on n’entendra plus parler.

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